samedi 21 avril 2007



On est (naît) artiste, ou on ne l’est pas.

Dés l’enfance, j’ai commencé à dessiner et à noircir mes cahiers. J’avais un don inné pour le dessin et une âme d’artiste qui me rendait très différente des autres.

Au lycée très tôt, mon professeur de dessin a su percevoir ce don et m’a fait énormément travailler . Pendant ses cours particuliers, j’ai dessiné sans relâche , des tabourets renversés ou non, des ronds petits ou grands, des traits droits, tout ça à main levée. J’ai étudié les perspectives, toute règle, tout compas, toute gomme étaient bannis.

Si bien qu’aujourd’hui je trace presque toujours les traits sans règle, je ne recommence jamais un dessin et je gomme rarement.

J’ai appris à peindre quelques années après avec des artistes de Megève, mais j’ai très vite abandonné cette technique qui ne correspondait pas à ce que je voulais exprimer.

Les couleurs se sont imposées à moi bien plus tard, l’école du Louvre a été un bon apprentissage, et j’ai pu aisément me détacher des formes académiques en étudiant l’imperfection des corps des modèles.

Ma technique principale est le DESSIN .

J’utilise plusieurs crayons du plus dur au plus gras . J’ai appris à façonner mes dessins comme une sculpture, en travaillant méthodiquement, couche après couche pour donner du relief et des formes. Le pastel gras ou sec s’avère essentiel pour apporter de la couleur au dessin. J’emploie parfois l’encre de Chine pour des dessins plus épurés.

Je vais puiser dans mon imaginaire pour créer, mais parfois quand les évènements d’actualité m’agressent, je riposte violemment par un tableau.

Chaque tableau est construit dans ma tête, et je le mets sur un support quand, en fait, il est complètement élaboré. Je ne m’autorise aucune approximation, tout doit être réalisé avec la perfection maximale, rien n’est laissé au hasard ; je laisse parfois surgir un symbole qui me surprend un peu et que j’accepte (interdit de gommer !).

Je mets en scène surtout des femmes parce que je suis une femme. Si je les déchire un peu, elles sont tout de même très belles et symboliquement attrayantes. Les tons pastel adoucissent la violence de certains sujets, mais je laisse faire mon imagination, et c’est grâce à elle que je peux me projeter très loin dans la symbolique de la vie.

Certains souhaiteraient que je fasse des paysages, des fleurs, des portraits mais je préfère sentir les fleurs et regarder un coucher de soleil en capturant des yeux les couleurs.

Ce qui manque à notre éducation française, c’est de ne pas apprendre suffisamment aux enfants et aux adolescents surtout, l’art d’écouter, de regarder, de se laisser aller à imaginer et à inventer…..Si bien que nous avons en face de nous, de notre art (sauf quelques uns) des adultes indifférents, des robots sociaux, incapables d’apprécier ce que fait l’artiste. Apprécier ne veut pas dire adhérer, admirer systématiquement, mais avoir au moins un intérêt et essayer de comprendre. Nous sommes loin de la bataille d’Hernani, des rires moqueurs devant un Manet, des crachats et injures devant un Picasso. Notre monde aseptisé fait des gens des consommateurs de posters et des « bouffeurs » de télévision. Souvent ces mêmes personnes vont regarder la mort sur leur écran, des femmes dénudées sur des panneaux publicitaires, sans taxer les journalistes de violents ou les publicistes d’obsédés sexuels, mais le moindre paysage sombre, un sexe trop voyant, des peintures trop agressives, vont les déranger, soit superficiellement, soit dans leur psychologie profonde

Apprenons à lire un tableau comme un livre. Il faut faire cette démarche, sinon on tue l’artiste et la création.

L’artiste est celui qui crée, qui invente, qui imagine. C’est grâce à lui ( qu’il soit comédien, musicien, danseur, sculpteur, peintre… ), que le monde avance et s’enrichit.

CLAUDY THIRY